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Avez vous déjà entendu parler des PACs ? Pas la Politique Agricole Commune de l’Europe, non ,le terme anglo-saxon signifiant “Political Action Committee”, ces associations privées organisées pour soutenir ou combattre un candidat, une proposition de loi ou tout autre décison publique. Elle sont traditionnellement attachées à des groupes d’intérêt et leur statut juridique dépend des lois fédérales et de celles de leur Etat; elles ne peuvent être financées ni par les entreprises ni les syndicats mais la plupart d’entre elles agissent en concomitance. On parle de super Pacs pour désigner le rôle qu’ont pris ces comités politiques depuis l’arrêt de la Cour suprême US en 2010 qui autorise la décision Citizens United vs Federal Election Commission ayant admis le financement par des entreprises, syndicats, ou autres organisations des financements politiques lors de l’élection de candidats.

Leur influence a pris une tournure dramatique depuis le début des primaires républicaines qui ont débuté à la fin de l’année 2011. C’est à coup de millions de dollars que ces “cash Machines” ont essayé à travers des rassemblements politiques (rallies), campagnes de publicités parfois très agressives entre certains candidats afin d’influencer le cours de l’élection.

Pourtant La loi fédérale américaine interdit qu’un candidat dirige une PAC, ou ait de lien direct avec elle, car elles sont censées agir en toute indépendance. Les moyens de détourner cette prérogative est aussi simple pour le candidat que de communiquer ses ambitions à travers un meeting ou les médias.

Et personne n’est dupe, ces PACs ont attiré l’attention des médias durant les primaires républicaines qui doivent désigner le 1er Avril prochain le candidat qui fera face à Obama. Les sommes d’argent investies n’ont jamais été aussi importantes: la super PAC Winning Our future soutenant Newt Gingrich aurait dépensé 4.2millions de dollars, une modique somme comparé aux 7.8 millions engrangé par Restore Our Future de Mitt Romney. Il est vraisemblable que des sommes encore plus importantes vont être soulevées lors de la phase finale de l’élection présidentielle contre le président sortant.

Obama a d’ailleurs toujours refusé d’être soutenu par ces super PACs, jusqu’à ces dernières élections ; de peur de mener une lutte inégale contre l’apport quasi illimité des Républicains pour soutenir leur candidat, il a finalement décidé d’accepter ces nouveaux financements pour booster sa campagne. L’une des plus importantes super PACs soutenant Obama est Priorities USA Action dont les fonds engrangés ont atteint péniblement les deux millions de dollars au mois de Février dernier lorsque le président s’est enfin décidé à accepter leur soutien.

Dans quelle mesure les profondes modifications du système de financement de la campagne présidentielle vont-elles influencer l’élection ?

Tous les spécialistes s’accordent pour dénoncer le caractère anti-démocratique de ces lobbies puissants financés par quelques milliardaires qui à eux seuls peuvent influencer le cours d’une campagne électorale. Selon le New York Times, une vingtaine de personnalités et corporations auraient versé des contributions de plus d’un million de dollars chacune, qui s’élèveraient en tout à plus de 50 millions de dollars durant les primaires républicaines. Parmi les généreux donateurs, des businessmen ayant fait fortune, à l’instar de Harold Simmons qui a régulièrement soutenu les Républicains depuis les années 80 et qui aurait donné plus de 14 millions de dollars depuis 2011 à travers une de ses compagnies, Cotran Corporation, ou encore Sheldon Adelson, milliardaire propriétaire de casinos à Las Vegas qui a récemment versé 5 millions de dollars à la super PAC pro-Gringich, Winning Our Future.

Le problème se corse davantage lorsque certaines donations toutes aussi conséquentes peuvent rester anonymes. Les super PACs peuvent en effet être financées par des “Advocacy groups”, des groupes de défense ou lobbies à but non lucratif, qui ne sont pas obligés de révéler l’origine de leurs fonds – fonds qui sont aussi déductibles d’impôts pour le donateur anonyme. Ce vide juridique a été sujet à de nombreuses polémiques sur la possibilité d’argent sale (“dark money”) et de corruption pouvant financer les campagnes. Il reste toujours des recours juridiques pour rendre publique l’origine des fonds mais cela peut prendre plusieurs mois, voire des années après l’élection.

A partir d’Avril prochain, la plupart des super PACs pro-républicaines et de loin les plus riches se rassembleront contre le candidat Obama dans une fin de campagne qui s’annonce toujours indécise. Si aujourd’hui, Obama est en tête des sondages, et les Républicains continuent de se déchirer dans la course des Primaires, rien n’est gagné et les centaines de millions de dollars qui vont être utilisés pour éviter sa réélection pourraient lui être fatal. Crossroads, par exemple, la plus importante et influente des super PAC républicaines a récolté quelques 51 millions de dollars l’année dernière, celle de Mitt Romney, 31 millions et celle de Barack Obama, Priorities Action USA, 6,7 millions de dollars. Les contrastes sont vertigineux, auront-ils autant d’impact sur les résultats électoraux ? Réponse le 6 Novembre prochain.

Source : https://www.mondroitmeslibertes.fr/