On regarde souvent les États-Unis pour anticiper les futurs changements de nos sociétés européennes. S’il y a un sujet sur lequel nous souhaiterions pourtant nous abstenir d’un comparatif, c’est bien celui de la vape. Alors que l’on a vénéré pendant longtemps les premiers e-liquides premium américains, le cloud chasing de tatoués sur YouTube coiffés de casquettes US, ou plus récemment les pods chargés aux sels de nicotine, les États-Unis pourraient bien devenir un véritable cimetière vapologique. Bannir les arômes, bannir la vente en ligne, “ban, ban, ban”, c’est le refrain incessant que l’on entend à chaque proposition de loi déposée au Congrès, comme le rapport souvent le Vaping Post dans ses colonnes. Le courant vient d’un État qui héberge les plus grandes sociétés technologiques, où l’innovation est pourtant une religion. San Francisco édicte des règles que d’autres semblent vouloir suivre aveuglément pour “protéger les jeunes”. Mais que diable arrive-t-il aux adolescents américains,“hameçonnés”par la vape ? Il n’y aurait qu’en Europe où la crainte d’une “pandémie” ne prend pas ?
Où les chiffres du sevrage et de la dé-normalisation du tabac soulignent une évidence qu’il est de plus en plus difficile d’éviter ? L’un des éléments de réponse possible assez simple et revient toujours aux fondamentaux. L’indépendance de la vape face à l’industrie du tabac n’a pas réussi à s’imposer. Là-bas, la vape est un pur produit du tabac, et le tabac est à bannir. Le législateur américain formé à la haine de l’alcaloïde ne fait plus aucune distinction et pulvérisera tout ce qui ressemble à du tabac. Et ce n’est pas un industriel de la vape suralimenté par les fonds d’un cigarrettier qui fera la différence, encore moins le propriétaire d’une boutique qui vend des flacons nounours au CBD. Si la vape veut s’imposer face au tabac fumé, il faut qu’elle creuse sa différence et cultive son identité autour de cette opposition. Ce manichéisme est moralement attractif, et nécessaire pour rassurer le législateur.